LAPIN-CHAGRIN ET LES JOURS D’ELKO[1]
Sylvie Nicolas[2]
illustrations
Marion Arbona
d’après
le récit d’un coiffeur bosniaque Nermin Grbic
Cette
histoire vue par les yeux d’un enfant m’a émue et en touchera plus d’un. En
effet, les phrases innocentes de Nerko[3]
sur la guerre nous font réfléchir sur la répercussion de cette horreur dans la
vie des enfants. Seront-ils les mêmes plus tard, après avoir connu cette
tragédie ?
Lapin-chagrin
réconforte Nerko attristé par ce qu’il laisse derrière lui. Lapin-Chagrin
avale toute la vie passée du garçon, les larmes de la guerre, ses
souvenirs. L’animal aux doux poils et douces teintes le réconforte et l’aide à
surmonter ses peurs. À la fin, il est devenu géant et représente tout ce que
Nerko et sa famille ont laissé derrière eux. Il montre que bien des gens
doivent presque tout abandonner pour survivre à la guerre.
Une histoire poignante et qui fait
réfléchir avec un beau texte qui contraste avec l’horreur des bombes, des
incendies, des poubelles et camps de réfugiés. L’auteure a su se mettre dans la
peau d’un enfant et nous permet ainsi de vivre les diverses émotions du
personnage.
Marie Rivière, classe de 5Ième
Collège Stanislas, Québec
[1] Album, Éditions Trampoline, Collection "trouvailles", 2011.
[2] Sylvie Nicolas est aussi
l’auteure de L’enfant qui tissait des
tapis et de Pied-de-Puce.
[3] Surnom de Nerkim
« Aucun mot n’est tenu
au miracle… »[1]
J’aime la voix de SYLVIE NICOLAS, ses mots qui portent, transportent, déportent et
son petit chapeau leur sert de refuge. Elle qui nous raconte son parcours dans l’étrange
territoire de l’écriture. Femme de théâtre, romancière, traductrice, poète mais
surtout femme de parole. Celle qui se rappelle l’intimité douce et partagée du
lit et de la chaise berçante ; celle qui évoque la beauté d’un ciel d’orage
et le deuil d’un être aimé ; celle encore qui parle aux enfants d’un lapin[2]
qui grossit à mesure que la mémoire remonte à la surface, que les souvenirs
douloureux sont avalés. Sylvie Nicolas, ai-je lu, rêvait de devenir
missionnaire, médecin de brousse, magicienne. Elle est un peu de tout cela
puisqu’elle sait nous amener vers le cœur fragile des choses, soigner nos
blessures et parfois nous faire rire de l’agitation inutile qui sévit à travers
le monde.
Il faut durer ou vivre suffisamment longtemps pour peser l’impesable, le temps. Partager quand
c’est heureux nos mots et ceux des autres. Essayer de comprendre la parcelle
secrète et différente de nos compagnons de route, essayer de saisir ce qui les
rend si unique, leur rire, leur geste, la couleur de leur peau, le goût de leur
baiser et le plus fort, le plus ardu leur souffrance. Généreuse, Sylvie Nicolas
aide les Autres à vivre car elle se soucie d’annoncer les messages de joie,
d’espoir et d’amour comme ceux d’affliction, de douleur et d’abandon.
Fabienne Roitel